Le lundi 15 juin 2015, la Région Rhône-Alpes organisait une journée d’échanges et de réflexions autour des actions collectives et des dynamiques citoyennes. Atelier CAPACITES était présente avec 4 de ses membres. Le matin était consacré à une conférence-débat avec Majo Hansotte et l’après-midi à différents ateliers. Retour sur une journée dont les finalités discursives et pratiques font écho aux actions que nous portons au quotidien (2/3).

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Comment passer d’une théorie à du concret, des actions, en lien avec les besoins et les dynamiques locales de certaines communautés humaines ?
Pour Majo Hansotte, l’idée selon laquelle l’action devrait passer par un prisme politique (comprendre « les élu.e.s ») est une approche à proscrire. En effet, il faut renverser les cadres de l’action en partant des citoyens vigilants et éclairés, qui ont des choses nouvelles à dire aux politiques. Ce qui lui fait dire que « les citoyens font leur boulot de citoyen. Ca plait au politique tant mieux, si non, tant pis ! ». Ainsi, l’espace public citoyen ne s’inscrit pas comme renégat et excroissance des comités et autres conseils d’habitants ou citoyens. C’est une forme d’amélioration de l’appareil d’Etat. En effet, le rapport gouvernant / gouverné ne représente pas la garantie d’une démocratie, c’est bien l’espace public qui s’érige comme contre poids.
Mais alors, le représentant légitime du politique serait-elle évincée ? Absolument pas. Le citoyen crée sa légitimité ailleurs, grâce notamment par les outils du gouvernail. Ceci revient à œuvrer dans le sens d’une quête et d’une construction de ce qui serait le plus juste possible pour soi et pour tous, formant alors une légitimité éthique.

Pour autant, cette légitimité ne suffit pas. Il est nécessaire de lui donner un caractère dit de « validité ». Pour ce faire, quatre méthodes, les quatre « intelligences » :
- raconter ce qui se vit. Il s’agit de l’intelligence narrative, c’est-à-dire tout ce qui touche à l’insupportable, l’injuste, l’insatisfaisant. Raconter permet d’en rendre compte, témoigner, transmettre. Se produit un pacte entre celui qui raconte et celui qui accueil le récit. Sans rapport médiatique ou divertissant, l’appropriation se réalise véritablement, par le récit et dans la solidarisation.
- potentialiser le récit pour déboucher sur un « agir ». Il s’agit de l’intelligence prescriptive, c’est-à-dire sortir de l’entre-soi, passer dans l’espace public. Ici, les langages sont indispensables.
- être inventif, créatif, imagé, artistique. Il s’agit de l’intelligence déconstructive, c’est-à-dire déconstruire les codes et les catégories.
- argumenter sans rhétorique. Il s’agit de l’intelligence argumentative, c’est-à-dire faire appel à la co-construction du changement. Cela ne renvoie pas aux débats citoyens qui ne produisent pas du juste, mais qui valorisent une compétition interpersonnelle.
L’action passe également par les transformations des mentalités dans le temps. Ce passage à l’acte repose sur divers process, tels que : se nommer, notamment lors de la création d’un collectif ; « infiltrer », c’est-à-dire détourner les éléments communs ; « happening », c’est-à-dire prendre possession de l’espace vécu, en s’installant et s’appropriant sur des lieux visibiles. Pour que l’action aboutisse, il est primordial de la rationaliser. Autrement dit, l’action ne doit pas représenter ou être la résultante d’une rhétorique (alors perverse) à base de « vrai/faux » et de « pour/contre » qui ne permettent pas de dépasser des situations par une co-construction des problèmes et des solutions. Ce qui compte ne doit pas demeurer la question, mais ce qu’elle implique.
* tout au long de cette journée, « Cled’12 » (Jacques Sardat) a produit plus d’une cinquantaine de dessins / caricatures.
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