CO-CONSTRUIRE LES PROJETS URBAINS : A QUAND UNE RÉELLE PARTICIPATION HABITANTE ?

Urbanisme #2

Atelier CAPACITES propose une série de textes concernant l’urbanisme : quelle fabrique de l’urbain ? quel(s) cadre(s) de vie ? Avec qui, pour qui et par qui ? quelle place donnée aux citoyens dans les projets urbains ? comment ouvrir l’urbain pour qu’il fasse quotidien ? comment créer et agir au sein d’espaces publics et de lieux de vie ? Autant de questions et bien d’autres encore que nous aborderons au fil des semaines.

L’erreur des « bâtisseurs » tient au fait qu’ils refusent trop souvent d’intégrer une donnée imprévisible : le fait habitant / citoyen. Comble du paradoxe, les collectivités territoriales, les agences d’urbanisme et autres organismes de l’aménagement, organisent de plus en plus des réunions publiques sensées permettre au public de s’exprimer et de donner son avis. C’est une étape vers davantage de participation… seulement une étape.

La participation active des habitants, par la co-construction, n’existe aucunement dans les projets urbains passés et rarement pour les actuels, précisément parce que la fabrique de l’urbain repose majoritairement sur cette antienne : « seuls les experts décident ».

Néanmoins, afin de donner à penser que les projets se font sous l’aval bienveillant de la population, des temps dits participatifs peuvent être organisés. Nous ne détaillerons pas le fait que ces temps ne répondent à aucun critère de la citoyenneté active ou de la démocratie participative. En effet, bien qu’il n’existe pas de mode d’emploi miracle de la participation, nous relevons tout de même de nombreux manques au sein de ces espaces de participation : pas de vote collectif, pas de co-construction, pas de remise en question possible du projet, pas de suggestions d’améliorations possible, pas d’horizontalité entre les experts techniques et les « experts » habitants (M. Berger).

L’objectif de ces moments ne tient donc pas à l’amélioration du projet mais plutôt à son acceptation, en utilisant le dialogue. Il s’agit de créer un « public municipal » (R. Payre), apte à soutenir le projet urbain soumis : faire comprendre au public à quel point il aurait raison d’être d’accord et tort de ne pas l’être. L’expression collective et citoyenne n’a de sens uniquement si elle approuve celle des « sachants ».

Mais leur vision de la participation habitante ne se limite pas qu’à cette forme. Elle génère également une opposition factice qui permet de justifier et légitimer le projet en disant : les débats ont été engagés puisque il y avait des « pour » et des « contre ». En réalité, la participation du public vue par les « bâtisseurs experts » se limite à cette complainte de Dalida : « parle plus bas mais parle encore ». On n’empêche pas les citoyens-habitants d’être opposés au projet, on leur enlève « juste » le droit de participer aux décisions et à la construction du projet.

Atelier CAPACITES défend l’idée selon laquelle la ville ne demeure pas qu’un assemblage de foyers, favorisant une « organisation urbaine serrée » (M. Foucault), mais un espace multifonctionnel accessible à tous. Nous souhaitons développer des démarches participatives et citoyennes afin d’améliorer les projets urbains avant leur élaboration, pendant mais surtout après, car rien n’est figé : un projet ne démarre finalement qu’au moment où le « ruban » est coupé, là où il est « livré » : c’est à ce moment là qu’il vit. La vocation des pôles « urbanisme » et « écocitoyenneté » de notre cabinet associatif touche précisément à l’élaboration d’une citoyenneté active dans ses lieux de vie, pas seulement pour porter des animations sur l’espace public mais également pour « être » l’espace public.

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Publié par ateliercapacites

Association - Espaces publics & Citoyenneté

5 commentaires sur « CO-CONSTRUIRE LES PROJETS URBAINS : A QUAND UNE RÉELLE PARTICIPATION HABITANTE ? »

  1. D’accord avec vos sur le fond mais la participation reste un mot-valise. Pour dépasser l’idéel il serait intéressant de mettre en débat des propositions concrètes pour faciliter ces démarches ou au moins des exemples.

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    1. Merci de votre interpellation ! Malheureusement, nombreux sont les mots qui ont été employés et dévoyés… Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il ne faut plus les utiliser.
      C’est notre parti pris : affirmer notre attachement à la « participation », car essence même de la citoyenneté (et hop, autre mot-valise 🙂 ).

      Pour les exemples, d’autres articles à ce propos en traitent et seront progressivement publiés : https://ateliercapacites.com/a-lire/
      Également, nous menons des projets concrets, sur le terrain : https://ateliercapacites.com/projets/

      Enfin, pour une vision d’ensemble, notre bilan du 1er semestre 2015 : https://ateliercapacites.com/2015/09/02/bilan-1er-semestre-2015/

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  2. Je crois que les « experts » sont assez conscients qu’ils sont manipulés par les « politiques ». Ces derniers doivent justifier leurs actions et ils se rabattent sur ces experts qui, imbus de leurs savoirs et d’une suffisance intellectuelle , deviennent de plus en plus « autistes » au point de rejeter les savoirs pourtant très pratiques des usagers. Qui connait mieux que les usagers le quotidien d’un quartier ou d’une Ville? Personnellement, je considère que seuls les usagers fabriquent l’urbain au quotidien.
    En tout cas je partage votre point de vue…et bravo pour cette apostrophe qui dénote votre engagement pour une ville pour tous.

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